Équation des géodésiques

Dans une variété riemannienne, on obtient l'équation d'une géodésique en exprimant que sa longueur est minimale – par définition.

Un système de coordonnées x i {\displaystyle x^{i}} étant donné, le tenseur métrique donne la longueur d'une courbe infinitésimale[1] :

d s = ± g i j d x i d x j {\displaystyle \mathrm {d} s={\sqrt {\pm g_{ij}\mathrm {d} x^{i}\mathrm {d} x^{j}}}} .

Le signe optionnel ± {\displaystyle \pm } est choisi en fonction du signe de l'intervalle et de la signature du tenseur métrique.

Si la courbe est paramétrée au moyen d'une variable τ {\displaystyle \tau } , on écrit

s ˙ = d s d τ = ± g i j x ˙ i x ˙ j {\displaystyle {\dot {s}}={\frac {\mathrm {d} s}{\mathrm {d} \tau }}={\sqrt {\pm g_{ij}{\dot {x}}^{i}{\dot {x}}^{j}}}} ,

où le point supérieur représente la dérivée totale par rapport à τ {\displaystyle \tau } . La longueur de la trajectoire est donc égale à l'intégrale :

± g i j x ˙ i x ˙ j d τ {\displaystyle \int {\sqrt {\pm g_{ij}{\dot {x}}^{i}{\dot {x}}^{j}}}\mathrm {d} \tau }

En utilisant la méthode de Lagrange relative au calcul des variations pour exprimer que l'intégrale est minimale, on obtient l'équation géodésique

s ˙ x k d d τ ( s ˙ x ˙ k ) = 0 {\displaystyle {\frac {\partial {\dot {s}}}{\partial x^{k}}}-{\frac {\mathrm {d} }{\mathrm {d} \tau }}\left({\frac {\partial {\dot {s}}}{\partial {\dot {x}}^{k}}}\right)=0}

La paramétrisation canonique τ = s {\displaystyle \tau =s} des trajectoires permet d'obtenir une équation mettant en jeu les symboles de Christoffel :

x ¨ k + Γ i j k x ˙ i x ˙ j = 0 {\displaystyle {\ddot {x}}^{k}+\Gamma _{ij}^{k}{\dot {x}}^{i}{\dot {x}}^{j}=0}
Démonstration

Explicitant s ˙ {\displaystyle {\dot {s}}} dans l'équation géodésique précédente :

s ˙ x k d d τ ( s ˙ x ˙ k ) = 0 {\displaystyle {\frac {\partial {\dot {s}}}{\partial x^{k}}}-{\frac {\mathrm {d} }{\mathrm {d} \tau }}\left({\frac {\partial {\dot {s}}}{\partial {\dot {x}}^{k}}}\right)=0} ,

on a, en notant g i j , k = k g i j {\displaystyle g_{ij,k}=\partial _{k}g_{ij}} la dérivée partielle du tenseur métrique par rapport à la k-ème coordonnée :

1 2 s ˙ g i j , k x ˙ i x ˙ j d d τ ( 1 s ˙ g k i x ˙ i ) = 0 {\displaystyle {\frac {1}{2{\dot {s}}}}g_{ij,k}{\dot {x}}^{i}{\dot {x}}^{j}-{\frac {\mathrm {d} }{\mathrm {d} \tau }}\left({\frac {1}{\dot {s}}}g_{ki}{\dot {x}}^{i}\right)=0}

Paramétrons la trajectoire par sa longueur s {\displaystyle s} , c’est-à-dire posons τ = s {\displaystyle \tau =s} . Avec ce choix, on a s ˙ = 1 {\displaystyle {\dot {s}}=1} et l'équation géodésique devient

1 2 g i j , k x ˙ i x ˙ j d d s ( g k i x ˙ i ) = 0 {\displaystyle {\frac {1}{2}}g_{ij,k}{\dot {x}}^{i}{\dot {x}}^{j}-{\frac {\mathrm {d} }{\mathrm {d} s}}\left(g_{ki}{\dot {x}}^{i}\right)=0}

Comme le tenseur métrique dépend de x i {\displaystyle x^{i}} mais pas explicitement de x ˙ i {\displaystyle {\dot {x}}^{i}} , on a d g k i d s = g k i , j d x j d s = g k i , j x ˙ j {\displaystyle {\tfrac {\mathrm {d} g_{ki}}{\mathrm {d} s}}=g_{ki,j}{\tfrac {\mathrm {d} x^{j}}{\mathrm {d} s}}=g_{ki,j}{\dot {x}}^{j}} et l'équation géodésique prend la forme

1 2 g i j , k x ˙ i x ˙ j g k i , j x ˙ i x ˙ j g k i x ¨ i = 0 {\displaystyle {\frac {1}{2}}g_{ij,k}{\dot {x}}^{i}{\dot {x}}^{j}-g_{ki,j}{\dot {x}}^{i}{\dot {x}}^{j}-g_{ki}{\ddot {x}}^{i}=0}

ou encore, en utilisant le fait que les indices i et j jouent des rôles symétriques, et donc que g k i , j x ˙ i x ˙ j = g k j , i x ˙ i x ˙ j {\displaystyle g_{ki,j}{\dot {x}}^{i}{\dot {x}}^{j}=g_{kj,i}{\dot {x}}^{i}{\dot {x}}^{j}}  :

1 2 ( g i j , k g k i , j g k j , i ) x ˙ i x ˙ j g k i x ¨ i = 0 {\displaystyle {\frac {1}{2}}\left(g_{ij,k}-g_{ki,j}-g_{kj,i}\right){\dot {x}}^{i}{\dot {x}}^{j}-g_{ki}{\ddot {x}}^{i}=0}

Or la nullité de la dérivée covariante du tenseur métrique permet d'affirmer que :

g i j , k = Γ i k l g l j + Γ j k l g i l {\displaystyle g_{ij,k}=\Gamma _{ik}^{l}g_{lj}+\Gamma _{jk}^{l}g_{il}}
g k i , j = Γ k j l g l i + Γ i j l g k l {\displaystyle g_{ki,j}=\Gamma _{kj}^{l}g_{li}+\Gamma _{ij}^{l}g_{kl}}
g k j , i = Γ k i l g l j + Γ i j l g k l {\displaystyle g_{kj,i}=\Gamma _{ki}^{l}g_{lj}+\Gamma _{ij}^{l}g_{kl}}

donc, en utilisant la symétrie du tenseur métrique et des symboles de Christoffel :

g i j , k g k i , j g k j , i = 2 Γ i j l g k l {\displaystyle g_{ij,k}-g_{ki,j}-g_{kj,i}=-2\Gamma _{ij}^{l}g_{kl}}

et donc :

Γ i j l g k l x ˙ i x ˙ j = g k i x ¨ i = g k l x ¨ l {\displaystyle -\Gamma _{ij}^{l}g_{kl}{\dot {x}}^{i}{\dot {x}}^{j}=g_{ki}{\ddot {x}}^{i}=g_{kl}{\ddot {x}}^{l}}

en renommant l'indice i en l dans la dernière égalité. Il suffit alors d'appliquer l'inverse du tenseur g pour conclure que :

x ¨ l = Γ i j l x ˙ i x ˙ j {\displaystyle {\ddot {x}}^{l}=-\Gamma _{ij}^{l}{\dot {x}}^{i}{\dot {x}}^{j}} .

Exemple

Considérons le demi-plan de Poincaré, dont les points sont repérés par un couple (x,y), avec y > 0. La métrique sur ce demi-plan est donnée au point (x,y) par :

g ( x , y ) = d x 2 + d y 2 y 2 {\displaystyle g(x,y)={\frac {dx^{2}+dy^{2}}{y^{2}}}}

Le calcul des symboles de Christoffel à partir de ce tenseur donne :

Γ x x y = Γ x y x = Γ y x x = Γ y y y = 1 y {\displaystyle \Gamma _{xx}^{y}=-\Gamma _{xy}^{x}=-\Gamma _{yx}^{x}=-\Gamma _{yy}^{y}={\frac {1}{y}}}

L'équation des géodésiques donne, en notant v x = x ˙ {\displaystyle v_{x}={\dot {x}}} et v y = y ˙ {\displaystyle v_{y}={\dot {y}}} :

v ˙ x 2 y v x v y = 0 {\displaystyle {\dot {v}}_{x}-{\frac {2}{y}}v_{x}v_{y}=0}
v ˙ y + 1 y ( v x 2 v y 2 ) = 0 {\displaystyle {\dot {v}}_{y}+{\frac {1}{y}}(v_{x}^{2}-v_{y}^{2})=0}

auxquelles on peut rajouter l'équation g ( v x , v y ) = 1 {\displaystyle g(v_{x},v_{y})=1} qui a servi d'hypothèse pour établir l'équation des géodésiques, ce qui donne ici :

v x 2 + v y 2 y 2 = 1 {\displaystyle {\frac {v_{x}^{2}+v_{y}^{2}}{y^{2}}}=1}

Si on remplace v y {\displaystyle v_{y}} par y ˙ {\displaystyle {\dot {y}}} dans la première équation, on obtient d v x d y 2 y v x = 0 {\displaystyle {\frac {dv_{x}}{dy}}-{\frac {2}{y}}v_{x}=0} dont les solutions sont de la forme v x = α y 2 = x ˙ {\displaystyle v_{x}=\alpha y^{2}={\dot {x}}} pour une certaine constante α {\displaystyle \alpha } . La relation v x 2 + v y 2 y 2 = 1 {\displaystyle {\frac {v_{x}^{2}+v_{y}^{2}}{y^{2}}}=1} donne alors v y = ± y 1 α 2 y 2 = y ˙ {\displaystyle v_{y}=\pm y{\sqrt {1-\alpha ^{2}y^{2}}}={\dot {y}}} .

Si α {\displaystyle \alpha } est nul, on obtient respectivement x constant et y = e ± t {\displaystyle y=e^{\pm t}} (en choisissant convenablement l'origine des temps). La géodésique est une droite parallèle à Oy, parcourue de façon exponentielle. On s'approche indéfiniment du bord y=0 ou on s'éloigne indéfiniment en faisant tendre t vers l'infini.

Si α {\displaystyle \alpha } est non nul, l'intégration de l'équation y ˙ = ± y 1 α 2 y 2 {\displaystyle {\dot {y}}=\pm y{\sqrt {1-\alpha ^{2}y^{2}}}} conduit à y = 1 α cosh ( t ) {\displaystyle y={\frac {1}{\alpha \cosh(t)}}} (en choisissant convenablement l'origine des temps). Puis l'intégration de l'équation x ˙ = α y 2 {\displaystyle {\dot {x}}=\alpha y^{2}} conduit à x = tanh ( t ) α {\displaystyle x={\frac {\tanh(t)}{\alpha }}} (à translation près parallèlement à Ox). On constate que x 2 + y 2 = 1 α 2 {\displaystyle x^{2}+y^{2}={\frac {1}{\alpha ^{2}}}} et les géodésiques sont des demi-cercles de diamètre porté par Ox. Quand t tend vers l'infini, on s'approche indéfiniment du bord Oy qui constitue une limite du demi-plan de Poincaré située à l'infini.

Voir aussi

Notes et références

  1. On utilise la convention de sommation d'Einstein, permettant d'alléger les symboles de sommation.
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