Joseph Arsène Breaux

Si ce bandeau n'est plus pertinent, retirez-le. Cliquez ici pour en savoir plus.
Si ce bandeau n'est plus pertinent, retirez-le. Cliquez ici pour en savoir plus.

La mise en forme de cet article est à améliorer ().

La mise en forme du texte ne suit pas les recommandations de Wikipédia : il faut le « wikifier ».

Joseph Arsène Breaux

Joseph Arsène Breaux (18 février 1838 – 26 juillet 1926) un Américain francophone d’origine acadienne est connu dans sa communauté en Louisiane comme un homme d’affaires aguerrit, un juriste[1] et un réformateur de l’enseignement public[1]. Breaux est nommé juge-associé de la Cour suprême de Louisiane en 1890, devenant le juge-en-chef de 1904 à 1914[2]. Il est le premier membre de l’élite acadienne de Louisiane à avoir des relations avec les élites acadiennes et canadiennes-françaises des États-Unis et du Canada depuis la fin du Grand Dérangement au début du 19e siècle[3].

Joseph Arsène Breaux est né à Bayou Goula et il a été baptisé à l’église catholique Saint Gabriel, dans la paroisse d’Iberville, le 10 novembre 1838. Descendant des premiers Acadiens (Cadiens) à s’établir en Louisiane, ses arrière-grands-parents sont arrivés sur le Mississippi en provenance de l'État du Maryland en 1767[4]. Vers l’âge de 15 ans, Breaux quitte la maison familiale pour étudier au Kentucky et puis à l’Université de Louisiane, aujourd’hui l’université Tulane, à la Nouvelle-Orléans.

Breaux passe l’examen du barreau en 1859. La même année, Breaux ouvre une pratique de droit et il fonde un journal, le Weekly Magnolia, dans le village de Plaquemine. En 1861, Joseph Arsène Breaux épouse Regina Eugenie Mille, la fille de Thomas Mille et de Pauline Dupuy, des planteurs de la paroisse Iberville[5].

Conscrit dans l’armée sudiste en 1862, il prend part à la guerre de Sécession. Joseph A. Breaux reçoit le rang de lieutenant dans l’armée confédérée. Après la capitulation du Sud en 1865, il reprend sa pratique de droit à Lafayette et puis en 1868, il déménage à la Nouvelle-Ibérie où il devient le premier avocat de la nouvelle paroisse civile d’Ibérie[6]. De ce fait, son épouse, Eugénie Mille-Breaux, rejoint sa sœur Emma, épouse du Dr Alfred Duperier, fondateur de l’hôpital Dautrerive, du même endroit.

Très tôt, Joseph A. Breaux s'intéresse à la politique. Il est défait comme candidat du People’s Party, un parti composé de réformateurs, mais surtout de suprémacistes blancs lors des élections fédérales de 1876. Il revient au parti démocrate et sera affilié à ce parti tout au long de sa vie[7].

Dans les années 1880, Breaux devient un citoyen avec un capital social important. Entrepreneur, il est le fondateur de plusieurs entreprises dont la première banque à charte fédérale de la région, New Iberia National Bank [8]. Il préside cette institution financière jusque dans les années 1920. Il est nommé à la présidence de la commission scolaire d’Ibérie et il crée la première école secondaire à l’ouest de la Nouvelle-Orléans[9]. En 1888, Breaux est élu le surintendant des écoles publiques de l’État de Louisiane dans l'administration du gouverneur Francis Tillou Nicholls. Il est instrumental dans la réforme de l’éducation publique lors de son passage de 24 mois à Bâton Rouge. À ce titre, il reforme le financement des commissions scolaires et encourage le professionnalisme en enseignement[10].

En 1890, le gouverneur Nicholls le nomme comme juge adjoint à la Cour suprême de l’État de Louisiane. Le juge Breaux est l’auteur du Breaux’s Digest, une compilation des décisions de la cour de la 42e à la 57e année qu’il publie en 1901[11]. Entre sa résidence de la Nouvelle-Ibérie et son travail à la Nouvelle-Orléans, Breaux s’associe à la Louisiana Historical Society et à l’Athénée Louisianais. La société historique regroupe l’élite de la classe politique et juridique de Louisiane tandis que l’Athénée est un rassemblement d’intellectuels et de professionnels francophones de la Nouvelle-Orléans. C’est à titre de membre de ces deux organismes que Breaux fait sa première rencontre de la diaspora acadienne dispersée en Amérique[12].

En 1902, Joseph A. Breaux est invité par des Acadiens de la Nouvelle-Angleterre à la Convention des Acadiens des États-Unis, qui se réunit à Waltham, Massachusetts. C’est la seule convention des Acadiens qui ait eu lieu à l’extérieur de l’Acadie traditionnelle. Pendant cette rencontre du samedi 16 août, il développe des relations avec le sénateur Pascal Poirier, le Dr Lucien J. Béliveau et son collègue de la Cour suprême du Nouveau-Brunswick, le juge Pierre Amand Landry[13]. Breaux continue son voyage par un pèlerinage au lieu de mémoire de Grand Pré en Nouvelle-Écosse. Il rencontre des politiciens au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard. Un réseau de correspondance se développe et on voit apparaître son intérêt pour une renaissance de l’identité acadienne en Louisiane[14].

En 1904, Joseph A. Breaux devient le juge-en-chef de la cour. Quoique le Code civil louisianais soit modifié uniquement en anglais et les plaidoyées utilise rarement la langue française, la magistrature continue l'usage du français dans la jurisprudence[4]. Breaux est présent lors de la construction de l’édifice de la cour sur la rue Royale à la Nouvelle-Orléans. Cet édifice fît scandal dans l'environnement du Vieux Carré de la ville. Il siège sur plusieurs décisions importantes de la cour: c.-à-d. l’exploration gazière et pétrolière dans l'État de Louisiane[15].

En 1912, lors du Premier congrès de la langue française qui a lieu à l'Université Laval, à Québec, les collègues du juge Breaux voient un décline significatif de l’usage du français à la cour et dans les affaires à la Nouvelle-Orléans[16]. Au même moment, un réveille de l’identité acadienne semble se renaître dans la région du Tèche et de Lafayette[17].

Joseph A. Breaux préside la cour jusqu’en 1914. Aussitôt à la retraite, le gouverneur de l’État le nomme à titre de conservateur au nouveau musée de l’État; le Cabildo. Il devient un mécène pour le département de tuberculose de l’Hôpital de la Charité (Charity Hospital). Le juge Breaux accorde un don de 50 acres de terre pour la construction d’un lieu de mémoire à l’arrivée des Acadiens en Louisiane à Saint-Martinville; le Longfellow Evangeline State Park. À sa mort en 1926, il lègue l’intérieur de son testament des fonds de bourses à l’école de médecine de Tulane, aux écoles de Droit de Tulane et Loyola[18].


[1] W. Catesby Jones, «Joseph Arsene Breaux», Loyola Law Journal VIII, no 4 (s. d.): 368‑74.

[2] Shane K. Bernard, «Cajuns», in 64 Parishes (New Orleans: Louisiana Endowment for Humanities), consulté le 1 juillet 2020, https://64parishes.org/entry/cajuns.

[3] Jean Daigle, éd., L’Acadie des Maritimes: études thématiques des débuts à nos jours, 4. trimestre (Moncton, N.B: Chaire d’études acadiennes, Univ. de Moncton, 1993) p. 908.

[4] Son père, Jean Baptiste Breaux, est de la deuxième génération née en Louisiane. Sa mère, Margaret Walsh-Breaux, est une orpheline d’origine irlandaise qui a été élevé chez la famille voisine de Comeaux. Ses parents appartenaient une plantation de cannes-à-sucre avec une dizaine d’esclaves le long du fleuve Mississippi. Judy Riffel, Arthur Perkins, et Comité des archives de la Louisiane, éd., Iberville Parish history (Bâton Rouge, La. : Comité des archives de la Louisiane ; Curtis Media Corp., 1985) p. 173.

[5] Le premier Breaux, Joseph Charles Breaux, est arrivé en Louisiane en 1767, avec un groupe d’Acadiens de Pisiquit en provenance de Port Tobacco, au Maryland. Le grand-père de Joseph A. Breaux, Arsène est né en Louisiane vers 1772. Arsène a fait partie de la milice lors de la bataille de la Nouvelle-Orléans, en 1812. Sa grand-mère, Marie Geneviève Daigle, est arrivée en Louisiane avec les Acadiens réfugiés à Belle-Île-en-Mer, en France, sur Le Beaumont, un des sept bateaux payés par l’Espagne et partis de la France en 1785. Judy Riffel, Iberville Parish History, Op. cit., pp. 173‑177.

[6] Glenn Conrad et Carl A. Brasseaux, New Iberia: Essays on the Town and Its People, 2nd éd. (Lafayette: Center for Louisiana Studies, University of Southwestern Louisiana, 1979) p 385.

[7] The Louisiana Cotton-Boll /Le Grabot de Coton de Louisiane, (Nouvelle- Ibérie, le 19 juillet, 1876) Français, p. 1.

[8] Conrad, Op cit., p. 386.

[9] Ibid., p. 386.

[10] Nell DeLaune-Romero, «The Contributions of Joseph A. Breaux to Education in Louisiana». Thèse de maitrise en education, Université Tulane, Nouvelle-Orléans (1958) p. introduction.

[11] Joseph A. Breaux, Louisiana Report, vol. 133: The Celebration of the Centenary of the Supreme Court of Louisiana (New Orleans: Supreme Court of Louisiana, 1914), p. 123.

[12] Alcée Fortier, A History of Louisiana: American Domination, Vol IV, Part 2 1861-1903, Ed. de bibliophile., vol. IV (New York: Manzi, Joyant & Co.) p. 258.

[13] Jean-Robert Frigault, «Les réalités sociales et culturelles en Louisiane vues à travers le prisme du juge Joseph Arsène Breaux, Américain francophone d’origine acadienne à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle» (Thèse de Maitrise en Histoire, Moncton, N.-B., Université de Moncton, 2024) p.100.

[14] Ibid., p. 102.

[15] George G. Dimick, Louisiana Law of Oil and Gas: Jurisprudence, State and Federal, Statutes, Forms, Rules of the Department of Conservation (New Orleans: F.F. Hansell, c1922) p. 302.

[16] André D. Lafargue, L’état légal du français en Louisiane, Premier Congrès de la langue française, vol. 2, Mémoires (Québec, Québec: Imprimerie L’Action Sociale Ltée, 1914) p. 715.

[17] The Lafayette advertiser. (Vermilionville [c.-à-d. Lafayette], La.), May 13-27, 1910, Image 1

[18] «Orleans Parish Clerk of the Civil District Court: Succession de Joseph Arsene Breaux, Division D. Docket 1», Pub. L. No. 164439, § p. 576, 1 (1926).

Références

  1. (en) W. Catsby Jones, Joseph Arsenne Breaux, New Orleans, Loyola Law Journal vol. VIII, no 4, , 374 p., p. 5
  2. (en) « Cajuns », sur 64 Parishes (consulté le )
  3. Ronnie Gilles LeBlanc, Du Grand Dérangement à la Déportation: nouvelles perspectives historiques, Moncton, Centre d'études acadiennes, Université de Moncton, , 465 p., introduction
  4. « BAnQ numérique », sur numerique.banq.qc.ca (consulté le )


  • icône décorative Portail de l’Acadie
  • icône décorative Portail de la Louisiane