Souper de Burns

Souper de Burns
Souper de Burns

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Le couteau pendant la récitation de l'Ode au haggis lors du souper de Burns.

Le souper de Burns (Burns Supper ou Burns Night en anglais, Burns Nicht en scots) est une commémoration de la vie et de l'œuvre du poète écossais Robert Burns, né le et mort le 1796. Ce dîner réunit de nombreux Écossais chaque année le 25 janvier, jour de sa naissance. Cette célébration fait office de fête nationale depuis deux siècles.

Histoire

Le cottage de Robert Burns à Ayr.

Le premier dîner à la mémoire de Robert Burns rassembla neuf de ses amis à son cottage d'Alloway (aujourd'hui Ayr), dans le South Ayrshire, le , pour le cinquième anniversaire de sa mort[1]. Le premier Burns Club fut fondé la même année à Greenock par des marchands de la région dont certains avaient connu le poète. Ils organisèrent un souper en l'honneur de sa naissance le . Mais, en consultant les registres de sa paroisse l'année suivante, ils s'aperçurent que Burns était né le . Cette date fut désormais retenue.

De nos jours, la fête peut toutefois être décalée vers la fin de la semaine pour des raisons pratiques[1].

Les soupers de Burns réunissent familles et amis en Écosse et dans le reste du monde, parmi la diaspora écossaise[1]. Ces soirées peuvent être solennelles ou informelles. Dans tous les cas, elles se caractérisent par la consommation de haggis, plat national que le poète a célébré dans son Ode au haggis, et de Scotch whisky, ainsi que par la récitation de plusieurs de ses textes[2]. Le cérémonial suit un ordre strict.

Cérémonial du dîner

L'arrivée du haggis au son de la cornemuse.

Un joueur de cornemuse accueille les invités, puis le maître de maison prononce un bref discours de bienvenue. Une fois chacun assis à sa place, l'assistance dit une action de grâce, le plus souvent la Selkirk Grace. Parfois attribuée à Robert Burns, cette prière était déjà connue au XVIIe siècle sous le nom de Galloway Grace ou de Covenanters' Grace. Son nom de Selkirk Grace vient du fait que Burns l'a récitée lors d'un dîner offert par Dunbar Douglas, quatrième comte de Selkirk. Le texte est le suivant : « Some hae meat an canna eat, And some wad eat that want it. But we hae meat, and we can eat, And sae the Lord be thankit[2],[3]. »

Le repas commence par un potage traditionnel, en général un bouillon écossais, un cock-a-leekie[2].

Tous se lèvent à l'entrée du haggis, précédé par un joueur de cornemuse[2] qui interprète A Man's a Man for A' That, Robbie Burns Medley ou encore The Star O' Robbie Burns[4]. Le haggis est apporté sur un plat d'argent par le cuisinier jusqu'à la table du maître de maison[2]. Celui-ci récite alors l'Ode au haggis. Un invité le remplace quelquefois dans ce rôle.

Address to a haggis / Ode au haggis
Address to a haggis (texte original) Ode au haggis (traduction indicative)

Fair fa' your honest, sonsie face,
Great chieftain o' the puddin'-race!
Aboon them a' ye tak yer place,
Painch, tripe, or thairm:
Weel are ye wordy o' a grace
As lang's my airm.

The groaning trencher there ye fill,
Your hurdies like a distant hill,
Your pin wad help to mend a mill
In time o need,
While thro your pores the dews distil
Like amber bead.

His knife see rustic Labour dicht,
An cut you up wi ready slicht,
Trenching your gushing entrails bricht,
Like onie ditch;
And then, Oh what a glorious sicht,
Warm-reekin, rich!

Then, horn for horn, they stretch an strive:
Deil tak the hindmaist, on they drive,
Till a' their weel-swall'd kytes belyve
Are bent like drums;
Then auld Guidman, maist like to rive,
'Bethankit' hums.

Is there that ower his French ragout,
Or olio that wad staw a sow,
Or fricassee wad mak her spew
Wi perfect scunner,
Looks down wi' sneering, scornfu view
On sic a dinner?

Poor devil! see him ower his trash,
As feckless as a wither'd rash,
His spindle shank a guid whip-lash,
His nieve a nit:
Thro bloody flood or field to dash,
Oh how unfit!

But mark the Rustic, haggis-fed,
The trembling earth resounds his tread,
Clap in his wallie nieve a blade,
He'll make it whissle;
An legs an arms, an heads will sned,
Like taps o thrissle.

Ye Pow'rs, wha mak mankind your care,
And dish them out their bill o fare,
Auld Scotland wants nae skinking ware
That jaups in luggies:
But, if Ye wish her gratefu prayer,
Gie her a Haggis[5]!

Salut à ton honnête, à ton aimable face,
Toi qui parmi les poudings es le chef de ta race !
C'est à toi que revient la première des places
Dessus tripoux, panse et abats,
Tu mérites que tous vraiment te rendent grâces
Longues comme mon bras.

Tu remplis le tranchoir qui sous ton poids se plaint.
Tes fesses font penser à la colline au loin,
Ta pointe pourrait bien réparer le moulin
Si le besoin en advenait,
Tes pores cependant distillent comme un suint
De l'ambre en chapelet.

Regarde le rustaud essuyer son couteau,
Se mettre à découper avec aise et brio,
Creusant comme un fossé, en incisant la peau
Tendue et chaude de tes miches.
Dans quelle gloire alors tu suscites les oh !
Que ton fumet est riche !

Tous alors, coude à coude, approchent et s'entrepoussent,
Ils s'empiffrent comme s'ils avaient le diable aux trousses,
Jusqu'à ce que leurs ventres tendus et maousses,
Résonnent comme tambours en somme,
Et qu'un vieil échevin, d'éclater plein de frousse,
Entonne un Te Deum.

Y a-t-il être ici-bas aux mœurs dégénérées
Qui irait préférer ragout ou fricassée,
Un olio propre aux porcs à donner la nausée
Et qu'ils repousseraient, maussades,
Alors qu'il peut ainsi faire franche lippée
De telle régalade ?

Pauvre diable ! Voyez-le devant son assiette
Comme un roseau fluet, tout l'air d'une mauviette,
Le poing guère plus gros qu'une pauvre noisette,
Tout flageolant sur ses guiboles.
Comment à l'ennemi peut-il faire sa fête,
Quand vient l'occasion folle ?

Mais, nourri au haggis, voyez un peu le gars !
Il fait en s'avançant tout trembler sous son pas.
Dedans son poing robuste une épée plantez-moi,
II la fera sitôt siffler,
Et toc, comme chardons, têtes, jambes et bras
Il va vite élaguer.

Vous, puissants, qui voulez le bonheur pour la masse
Et veillez que soit bon le menu qu'on lui fasse,
L'Écosse, sachez-le, ne veut pas de lavasse
Qui dans le bol clapote et bruisse.
Mais si vous entendez rester en bonne grâce,
Donnez-lui du Haggis[6] !

 

Arrivé au vers His knife see rustic Labour dicht, l'orateur brandit un couteau qu'il aiguise. Quand s'achève le poème sur An' cut you up wi' ready slicht, l'orateur soulève le haggis en signe de triomphe, sous un tonnerre d'applaudissements[2], et plonge le couteau dans le haggis, qu'il ouvre de part en part. Puis la compagnie se rassoit afin de déguster le haggis, généralement servi avec une purée de pomme de terre et une purée de rutabaga[2].

Les desserts appartiennent à la cuisine locale, par exemple un tipsy laird (« lord éméché »), variante écossaise du trifle agrémentée de Drambuie ou de whisky, ou encore un clootie dumpling, qui est un pudding préparé dans un torchon de lin[2],[7]. Le dessert est suivi par un plateau de fromages accompagnés de bannocks ou d'oatcakes, le tout avec du uisge beatha (« eau-de-vie »), le whisky[2].

Au moment du café, différents discours et toasts se succèdent.

Discours et hommages

Après le repas, un chanteur ou un instrumentiste interprète une ballade de Robert Burns, par exemple My Luve is Like a Red Red Rose, Rantin', Rovin' Robin ou Ae Fond Kiss[2]. En alternance, des poèmes de Burns sont récités, tels que A Man's a Man for A' That, To a Louse ou Tam o' Shanter[2].

À la fin du souper, tous sont autorisés à quitter leur place à table[8]. Un invité prend la parole pour exalter la vie et l'œuvre de Burns, qu'il conclut par un toast To the Immortal Memory of Robert Burns[8]. Le maître de maison le remercie et ajoute quelques commentaires[8].

Un autre invité prononce ensuite un discours d'hommage aux lassies (« dames ») qui ont préparé le dîner[8]. Il s'agit d'une évocation malicieuse des femmes en général, qui comprend des citations de Burns, après quoi les hommes boivent à la santé des femmes[2]. Celles-ci répondent par un discours, en répliquant point par point et sur le même ton, avant de boire à la santé des hommes[8].

Enfin, le maître de maison remercie ses invités. La compagnie se lève alors, les uns et les autres se tiennent par les mains et tous entonnent en chœur un Auld Lang Syne qui clôt la soirée[2].

Galerie

  • Le cock-a-leekie.
  • Le haggis, le couteau et le plat d'argent.
    Le haggis, le couteau et le plat d'argent.
  • Le haggis et son accompagnement de légumes, devant le tartan du clan MacAlister.
    Le haggis et son accompagnement de légumes, devant le tartan du clan MacAlister.
  • Un clootie dumpling.
    Un clootie dumpling.
  • Le Dunlop cheese, fromage de l'Ayrshire.
    Le Dunlop cheese, fromage de l'Ayrshire.

Notes et références

  1. a b et c « Burns Night », sur visitscotland.com.
  2. a b c d e f g h i j k l et m « Burns Night », BBC, 2014. Consulté le 22 décembre 2018.
  3. « Certains ont viande qu'ils ne peuvent manger, D'autres n'ont viande qu'ils veulent manger, Mais viande avons que nous pouvons manger, Que le Seigneur soit louangé. »
  4. Archie Cairns, Book 1 Pipe Music, 1995.
  5. Texte original, prononciation indicative et transposition en anglais moderne sur WikiSource
  6. Bout-rimé par Gérard Hocmard.
  7. Maw Broon, Maw Broon's Cookbook, Waverley Books, 2007, p. 111.
  8. a b c d et e « Supper for Mauchline Burns Club », scotlandontv.tv, 2007.

Bibliographie

  • Norman Watters, Ann Watters, Burns Suppers: An' A' That, An' A' That, Upfront Publishing, 2003 (ISBN 978-1-84426-219-9)

Articles connexes

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